Ren Feifan
Apaitia Ravaga Macanawai (Fidji)et Ateleni Kaloumaira (Fidji)
Lors d’un séminaire thématique tenu au siège de l’ONU, les participants parlent d’une plante mystérieuse. Des fonctionnaires des Fidji, du Lesotho, du Laos, du Nigéria et d’autres pays la couvrent d’éloges. Cette plante, le fruit de plusieurs décennies de recherche par les scientifiques chinois, s’appelle juncao ( littéralement « herbe de champignon » ).
Qu’est-ce que le juncao ? Peu de personnes le connaissent.
En fait, le juncao est une nouvelle espèce de plante herbacée qui constitue une ressource agricole importante. Ses feuilles, sa tige et sa racine peuvent être utilisées de diverses manières. Il peut être utilisé comme fourrage, servir de substrat pour la culture des champignons, ou encore jouer un rôle positif dans la protection contre le vent, la stabilisation des dunes de sable ou l’amélioration du sol.
La République des Fidji, se trouvant dans le Pacifique Sud, manquait de fourrage en saison sèche, et tous les champignons que l’on trouvait sur le marché du pays étaient importés. La Chine lui a donc offert gratuitement la technologie de la culture du juncao, permettant ainsi aux Fidjiens de nourrir leurs animaux avec du juncao, et de cultiver des champignons comestibles et champignons médicinaux, en utilisant du juncao broyé comme substrat. Cette plante aux multiples usages a joué un rôle important dans la réduction de la pauvreté et l’enrichissement des habitants locaux.
Aux Fidji, il y a seulement deux saisons, la saison sèche et la saison des pluies. En saison sèche, les régions centrale et occidentale du pays connaissaient une pénurie de fourrage vert, et cela avait l’habitude de causer une perte de poids importante chez les bovins et les ovins. Les éleveurs n’avaient alors pas d’autres choix que de vendre leur bétail à prix réduit, entraînant des pertes économiques importantes. Le manque de fourrage en saison sèche était donc un problème majeur qui nuisait au développement de l’élevage aux Fidji.
Le juncao est une herbe haute caractérisée par une grande adaptabilité à l’environnement, un rendement unitaire élevé et une teneur en protéines brutes supérieure à celle du maïs coupé avant maturité. Plaisant particulièrement aux bovins et aux ovins, c’est un fourrage idéal pour les Fidji en saison sèche.
Juncao poussant haut
Les experts chinois ont apporté avec eux 19 plants de juncao, avant de diviser chaque plant en deux pour en obtenir 38. A partir de ces derniers, on a cultivé une prairie de juncao, couvrant une surface d’une centaine d’acres. Celle-ci est aussi désormais la pépinière de juncao qui fournit des plants à tout le pays. La surface cultivée ne cesse d’augmenter, assurant donc l’approvisionnement en fourrage vert pendant la saison sèche.
Le pâturage Yaqara, très connu aux Fidji, s’étend sur une superficie d’environ 3 000 acres. Il joue un rôle important pour la pérennité de l’approvisionnement en viandes de bœuf et de mouton. Lorsqu’on évoque l’état du pâturage il y a quelques années, son directeur général, Adrian Ram, secoue la tête en soupirant.
Parc pilote de la culture du juncao
A cette époque, le pâturage souffrait d’un manque de fourrage vert pendant la saison sèche. On a donc planté, à titre d’essai, sept acres de juncao. Quelques mois plus tard, l’herbe poussait abondamment, et survivait aux inondations et à la sécheresse, assurant ainsi l’alimentation du bétail en tout temps. La solution a été finalement trouvée pour éviter la pénurie de fourrage vert qui sévissait depuis bien longtemps. Conscients des avantages du juncao, les employés du pâturage ont appris auprès des experts chinois les techniques permettant de cultiver la plante en grande quantité, et ont étendu la surface de culture du juncao jusqu’à 50 acres.
Aujourd’hui, le cheptel du pâturage est passé de quelque 1 000 bovins à plus de 5 700 bovins et plus de 300 ovins. Ravi, Adrian Ramnous révèle que le pâturage prévoit d’étendre la surface de culture de juncao à 1 000 acres et augmentera considérablement les cheptels bovin et ovin. Une demande d’authentification comme viandes issues de l’agriculture biologique a été soumise et l’exportation de leurs animaux pour l’industrie de viande bovine est en projet.
Le juncao est non seulement accueilli à bras ouverts par les grands pâturages, mais il s’attire également les bonnes grâces des petits éleveurs. Mohamed Shaheem possède quelques dizaines d’acres de prairie à Nadi, où il élève 60 chèvres, 110 moutons et 60 bovins. Autrefois, faute de fourrage pendant la saison sèche, son bétail perdait 20 % à 30 % de son poids, ce qui lui faisait mal au cœur. On lui a offert gratuitement des graines de juncao et appris les techniques de culture. « Maintenant, s’exclame Mohamed Shaheem avecenthousiasme, comme la croissance du juncao est fort satisfaisante même pendant la saison sèche, mon bétail est bien nourri et prend du poids. »
Un expert étranger a affirmé que les conditions climatiques des Fidji ne convenaient pas à la culture des champignons. Ainsi, pendant longtemps, les Fidji ne produisaient pas de champignons comestibles et ne pouvaient compter que sur les importations. Avec la technologie de culture du juncao fournie par la Chine, la situation a changé. Voilà pourquoi Inia Seruiratu, ministre fidjien de l’Agriculture de l’époque, y a prêté une attention particulière et s’est rendu 36 fois à la station de recherche de Nadi pour suivre le projet d’introduction du juncao.
Le juncao fournit des graines de champignons et des substrats pour leur culture. Mais pour cultiver des champignons, il faut d’abord résoudre le problème clé : comment surmonter les conditions climatiques qui ne conviennent pas à la croissance des champignons ? Les experts ont trouvé des solutions.
La température est trop élevée ? On creuse, sous des arbres, pour éviter la lumière directe du soleil, un fossé de 40 cm de profondeur, on dispose des sacs à champignons à l’intérieur, puis on recouvre ces derniers d’une fine couche de terre.
Il fait trop sec ? On arrose régulièrement la terre sur les sacs à champignons et on couvre la terre avec un film plastique pour en garder l’humidité.
Il manque de champignonnières ? On cultive des champignons parmi des cocotiers et des manguiers.
Ces méthodes simples mais pratiques sont mises en application par les Fidjiens.
Moisson de champignons
En quelques années, la culture des champignons s’est ainsi développée aux Fidji. De nombreuses personnes ont récolté des champignons et gagné de l’argent. L’histoire de Fidji où il était impossible de cultiver des champignons a pris fin. La coopération sino-fidjienne a joué un rôle clé dans la culture réussie des champignons. Jusqu’à présent, les Fidji ont cultivé plus d’un million de sacs de champignons, d’une valeur de plus de 5 millions de dollars de Fidji (2,26 millions de dollars américains).
L’équipe du projet ne compte pas s’arrêter à ces excellents résultats pour la culture des champignons, encore basée sur des méthodes primitives. Avec son aide, une base de culture moderne a été créée aux Fidji. Aujourd’hui, le centre pilote de la technologie de culture du juncao des Fidji, construit avec l’assistance de la Chine, dispose d’une chaîne de culture de champignons qui assure une production annuelle de 300 tonnes. Mélangeurs automatiques, ensacheuses, chaudières, autoclaves sous vide, inoculation en milieu stérile, système de culture avec contrôle automatique de l’environnement, couplés à des équipements de pointe, ce centre pilote est devenu le berceau de la culture de champignons des Fidji.
Un jour, on entendit un chant agréable à l’oreille dans le village de Navilawa.
Au début, un vieux monsieur chantait seul. Vêtu du costume traditionnel des Fidji, l’homme avait une barbe et des cheveux argentés et son visage était plein de bonté. Son chant était tellement mélodieux que l’on pouvait croire qu’il venait du ciel ou que c’était là le murmure d’un ruisseau.
Plus tard, le solo est devenu chœur. Les choristes se sont levés, respirant la sincérité. Sans chef de chœur ni accompagnement, ils sont pourtant en parfaite concertation. Les experts chinois ne comprenaient pas leurs paroles, mais qu’importe, car la musique est la plus belle langue du monde...
Cela s’est passé à la fin de la 20e session de formation sur la technologie de la culture du juncao et des champignons. Les villageois ont exprimé leur gratitude aux experts chinois par un chant riche en émotion.
Cette formation a été organisée plusieurs fois dans le village. Il n’y a ni tables ni chaises dans la salle de classe. Les formateurs et les élèves sont tous assis à même le sol, mais tout le monde est passionné. Les experts parlent avec le plus grand sérieux, tandis que les villageois prennent des notes avec soin.
Afin d’aider le peuple fidjien à mieux maîtriser les techniques de culture, les experts de l’équipe du projet se rendent souvent dans des régions reculées pour y effectuer des démonstrations, faire des formations et fournir des instructions. Ils sont ainsi allés dans des villages montagneux mal desservis et sur des îles isolées, parcourant presque tout le pays.
« Un bouton de fleur donnera naissance à des millions de fruits.» C’est un dicton connu par tous les Fidjiens. De la même façon, des plants de juncao ont donné des millions de plantes et de champignons aux Fidji, et engendré des sentiments amicaux.
Tous les Fidjiens, du président du pays aux simples citoyens, sont touchés par cette amitié.
Lors de la 34e Conférence régionale de la FAO pour l’Asie et le Pacifique tenue à Nadi, le président fidjien Jioji Konrote s’est rendu spécialement sur le stand du projet de culture du juncao et a serré la main aux experts chinois.
Centre pilote de la technologie de culture du juncao aux Fidji
En tenant la main de Lin Zhansen, le chef du groupe d’experts, le président l’a présenté avec fierté au Directeur général de la FAO : « Voici l’expert en chef du projet de culture du juncao, mon vieil ami. C’est un brave homme. Le projet de culture du juncao se déroule de manière optimale dans notre pays et nous est très utile. »
La technologie de culture du juncao est née dans la province du Fujian, en Chine. Avec la promotion énergique de Xi Jinping, alors gouverneur de la province, elle a été rapidement popularisée dans tout le pays et introduite dans d’autres pays sous forme d’aide. La Papouasie-Nouvelle-Guinée est le premier pays à en avoir bénéficié.
En l’an 2000, la province du Fujian et les Hautes-Terres orientales de la Papouasie-Nouvelle-Guinée ont signé un accord sur le projet de culture du juncao, qui rapporte gros à de nombreux agriculteurs locaux. L’ancien ministre de la Défense nationale de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a même renommé sa fille Juncao et a publié cette nouvelle dans le journal.
Depuis lors, de plus en plus de gens viennent à connaître le juncao, et sortent de la pauvreté grâce à lui.
C’est une herbe sauvage,
Mais c’est aussi la vie.
C’est un aliment et un remède,
Elle amène l’espoir...
C’est une chanson folklorique créée par la coopérative féminine du juncao du Lesotho. Plus de la moitié de la population du Lesotho vit sous le seuil de pauvreté. La Chine lui a fourni gratuitement la technologie de culture du juncao, aidant ainsi des milliers d’habitants locaux à sortir progressivement de la pauvreté par le biais de la culture du juncao.
Paysage des Fidji.
Actuellement, le Rwanda, l’Erythrée et 11 autres pays ont établi une base pour le juncao. Etant l’un des projets d’aide de la Chine à l’étranger, la technologie de culture du juncao s’est répandue dans 106 pays. Avec l’expansion de la superficie de culture de cette plante, davantage de pays ont noué des relations amicales avec la Chine. Le juncao leur apporte non seulement la bienveillance du peuple chinois, mais l’espoir d’une vie meilleure.
Résumé du projet
La technologie de culture du juncao a été créée par le professeur Lin Zhanxi à l’Université d’agriculture et de foresterie du Fujian, et le brevet de cette technologie appartient à la Chine en propre.
Le projet chinois visant à aider les Fidji à travers la technologie de culture du juncao s’est déroulé en deux étapes : la coopération technique et la création d’un centre pilote de la technologie.
La coopération technique a comporté deux phases. Dans la première phase, huit variétés de champignons comestibles et médicinaux ont été cultivées à titre d’essai aux Fidji, mettant fin à l’histoire de l’incapacité de Fidji à faire pousser des champignons. La deuxième phase a été lancée en décembre 2017 pour une période de trois ans. Onze experts chinois ont été envoyés aux Fidji pour cultiver de nouvelles variétés de champignons comestibles et médicinaux, et organiser des stages de formation sur la technologie de culture du juncao afin que le pays puisse amorcer leur industrie du juncao.
Le projet du centre pilote vise à construire, entre autres, des ateliers pour transformer le juncao, des laboratoires, des salles de formation et des dortoirs pour les stagiaires. Il aura une surface bâtie d’environ 3 100 m² et une pépinière d’environ 20 000 m².
Le projet chinois visant à aider les Fidji grâce à l’introduction de la technologie de culture du juncao revêt une grande importance pour ce pays insulaire, pour accroître l’emploi, développer l’économie rurale et éradiquer la pauvreté. En février 2019, le ministère fidjien de l’Agriculture a nommé « l’utilisation optimale du juncao pour augmenter la productivité de l’élevage » comme l’une des cinq nouvelles démarches visant à encourager le développement agricole du pays. Le projet est apprécié et suivi avec intérêt par divers milieux aux Fidji. Le président Konrote et le Premier ministre Bainimarama ont visité le centre pilote et en ont fait des éloges. Ils ont affirmé que la coopération technique sur le juncao était un projet formidable et que les experts chinois sont devenus de très bons amis.